Les AS de Lyon se sont donné rendez-vous, à l’initiative de José Guerreiro, le 21 mai 2019 à l’auberge du Grand Birieux, (une adresse gourmande parmi les nombreux restaurants des Dombes,) pour un succulent déjeuner, avant de se rendre à la Fondation Berliet au Montellier dans l’Ain.
Nous sommes accueillis, pour une visite de 3 heures, par Alain bénévole de la Fondation créée en janvier 1982 par les descendants du constructeur lyonnais de voitures puis de poids-lourds, engins, cars et bus. Un montage audio-visuel présente l’histoire de l’entreprise Berliet. La région Rhône-Alpes a connu au début du XXe siècle 150 marques de camions et de voitures, au même titre que la région parisienne, ces deux régions étant à l’origine de l’industrie automobile française et mondiale. Le site exceptionnel du Montellier, défini comme Conservatoire et non musée, regroupe plus de 240 véhicules restaurés et environ 60 à rénover représentant 30 marques couvrant une époque allant de 1886 à nos jours.
Issu d’une famille de tisseurs à la Croix-Rousse (passé rappelé par un métier à tisser dans les locaux), Marius Berliet se lance à l’âge de 28 ans (en 1894) dans la construction d’un moteur, avec peu d’outillage, dans un hangar de 25 m2 de la maison de soierie familiale. En moins d’un an, avec l’aide de quelques sous-traitants, un véhicule complet est monté et un premier client trouvé pour l’automobile achevée. Il dira plus tard » j’ai raté la bicyclette mais je n’ai pas raté la voiture ». Ce sera le point de départ de l’aventure Berliet poursuivie par Paul, le fils, qui employa jusqu’à 24000 salariés en 1974.
Paul Berliet développera l’internationalisation de la société et de nombreux partenariats avec des pays lointains à fort potentiel ont été signés.
Le début de la première guerre mondiale oblige l’entreprise à produire en grande série (par des femmes) des obus, des camions, camionnettes et ambulances. L’année 1916 marque l’arrivée en masse de camions face au transport par voies ferrées.
Dans l’esprit de la famille Berliet, « on ne travaille pas pour gagner abondamment de l’argent mais pour satisfaire les demandes, mêmes spécifiques, des clients » ce qui contribue à des progrès dans l’évolution des performances des véhicules.
En remplacement des lettres MB (Marius Berliet) sur la calandre, le logo symbolique de locomotive avec son chasse buffle
rappelle la coopération de Berliet avec ALCO (American Locomotive Company) pour une construction de véhicules sous licence aux Etats Unis avec un apport financier qui permettra à l’entreprise lyonnaise d’investir très largement en moyens de recherche et de production dans le premier quart du XXe siècle.
Un hall présente les premières voitures, le hall suivant dit « Hall des origines » montre les évolutions technologiques : roues en bois puis avec pneus, suspension, systèmes de freinage, volant, polyvalence (transformer le train avant d’un un char à bancs par un moteur), vitesse (voiture électrique pouvant dépasser sur circuit 100 km/h en 1899), freinage, turbo systèmes de refroidissement, confort des cabines etc…
<Les véhicules présentés dans les salles sont pour des applications les plus diverses :
transport de charges, de personnes (bus et cars), véhicules de militaires (dont des blindés de la gendarmerie ou chars anciens) , de pompiers, d’assainissement, engins et véhicules spéciaux : le GXO 6×6 120t sur pistes ou 280 t sur routes, ou le T100 de 700 cv. Ce T100 pour le transport des derricks (sans démontage) au Sahara est imposant : près de 4.40 m de haut, 15 m de long, 2 réservoirs de 900 litres. Il a connu un succès retentissant aux expositions extérieures dont la dernière à Paris au printemps 2019. Malgré son poids (50 t à vide et plus de100 t en charge), il ne s’enfonce pas dans le sable. Les nombreux pneus gonflés à 0.8 bar, d’élargissent avec la charge, donc la pression du véhicule au sol est identique à celle d’une patte de chameau ! Belle observation de la nature. Un autre véhicule spécial est impressionnant, le camion militaire VTE pour la maintenance des missiles sol-sol autrefois installés sur le plateau d’Albion.
<Des véhicules aux énergies les plus variées sont exposés : camion à vapeur de 1909, fourgon électrique de 1924, voiture au gaz bois de 1934, camion électrique d’assainissement de 1951, c’est dire que l’utilisation d’ énergies renouvelables était appliquées depuis fort longtemps.
<C’est un patrimoine riche, diversifié et unique que nous avons pu découvrir, le rendez-vous a été difficile à obtenir. Merci à José pour sa ténacité.
Tous heureux de nous retrouver avant la pause d’été et la reprise d’automne
Texte :Gérard Photos Bruno Mise en page José