Par une belle journée ensoleillée, les AS se sont retrouvés le jeudi 17 mai 2018 à Charbonnières les Bains, ancien lieu-dit de Tassin, à proximité de Lyon pour une visite découverte de cette ancienne station thermale qui a reçu, selon les années, jusqu’ à 20 000 personnes (sur la saison de mai à octobre).
La proximité de Lyon était un atout. Le manque de débit d’eau ferrugineuse (actuellement 5 m3 par jour) a provoqué la décision de fermeture des thermes en 1992 par l’exploitant actuel qui gère le Casino « Le Lion Vert », ses animations ludiques, culturelles et son restaurant. Initialement, le Casino était unique sur l’agglomération lyonnaise. Il est désormais doublé d’un autre établissement » Le Pharaon » dans la Cité Internationale au bord du Rhône et géré par le même exploitant.
La situation géographique de Charbonnières est au carrefour de plusieurs cantons et circonscriptions administratives. Le Casino est sur la commune de La Tour de Salvagny, situation qui n’a pas facilité, au cours de l’histoire les relations entre ces 2 communes. De même, un litige avait existé entre les 2 communes sur l’ emplacement officiel de la source thermale.
Si la station thermale a mis un « terme » à son activité, il subsiste encore le célèbre Rallye automobile de Charbonnières dont la 70e édition s’est passée récemment. Il était autrefois précédé d’une course de côte sur la route de La Tour de Salvagny, au-dessus du parking du Casino. Le Festival de Charbonnières de 1949 à 1960 a laissé place aux Nuits de Fourvière.
Charbonnières est jumelée à la ville allemande de Bad Abbach (Bavière) dont les couleurs bordent les rues.
Au départ du parking, nous partons par un sentier montant à travers bois pour rejoindre un espace sportif (piscine, tennis) près duquel sont installées, dans un square, de nombreuses statues blanches, en pierre d’Anjou (tuffeau), du sculpteur Michel Moyne (1934-2007) qui demeurait à proximité. Les représentations sont des femmes, des bustes souvent dans des situations dépouillées. Il a réalisé d’autres créations principalement des hommes Nous longeons une maison dont le propriétaire avait réemployé une ancienne borne routière Michelin écrêtée et utilisée comme vasque à fleurs qui après rénovée récemment par l’association a été réinstallée près de la Nationale 7 à l’entrée Nord de Charbonnières.
Nous rejoignons le centre-ville où les nombreux hôtels ont fermé et ont fait l’objet de rénovations ou de reconstructions modernes. Afin d’élargir la rue très étroite, une maison a même été sciée à la base, montée sur vérins et déplacée de 6 mètres ! Nous apercevons une grille et une propriété qui aurait pu être l’entrée du Casino entièrement sur Charbonnières, projet qui n’a pas abouti sous la pression de la commune voisine. Une belle propriété ayant appartenu au Major Martin et sa famille est resté un bel espace verdoyant. A proximité un beau cèdre de 41 ans .De belles maisons sont visibles dont une conçue par l’architecte Tony Garnier. Des courses d’ânes, deux ou trois fois par an, étaient organisées jusqu’en 1968 sur l’asinodrome avec des enjeux via le Pari Mutuel, au bénéfice des pauvres de la commune. Plusieurs têtes d’ânes étaient fixées en haut de la tribune, et il en subsiste une à l’intérieur de l’espace culturel. Au sein du local de l’Association » Charbonnières d’ Hier à Aujourd’hui » , ayant publié de nombreux documents historiques, un intéressant montage audio-visuel nous est présenté par nos 2 guides (Michel Calard, Président et Jean Darmand, Trésorier) qui nous commentent le passé et le présent de Charbonnières suivi d’un apéritif offert.
Notre pause au restaurant l’Orée du Parc ne restera pas gravée dans nos mémoires.
Grâce aux frères Mangini, la ligne de voie ferrée Lyon- Montbrison a été crée en 1876. La station thermale est bien desservie et dispose d’une halte ferroviaire » Lacroix-Laval – Casino », le Parc de Lacroix-Laval étant tout à proximité. Cette halte est décorée d’un lion et de musiciens autrefois animés (mouvements et musique).
En 1882, le Grand Casino-Kursall (salle de soins) est créé avec des matériaux récupérés de l’exposition universelle de Paris du Pavillon de Gustave Eiffel. En 1889, la gare Saint- Paul délivre 1000 billets pour Charbonnières le premier jour de l’ouverture de la saison. En 1898, un nouvel établissement thermal voit le jour, le plus grand du monde, avec piscines chauffées.
Une ligne de trolleybus électrique « Electrocar » de 35 places (avec roues avant pivotantes pour les aller-retour) est lancé en 1905. Il sera en fonctionnement jusqu’en 1906. Mais l’exploitant ne peut pas tenir ses engagement d’électrifier tout Charbonnières et cesse son activité. En 1926, Charbonnières obtient le classement en station thermale. La publicité apparaît sur les affiches PLM. En 1963, un établissement plus moderne est inauguré avec des espaces ludiques (mini-golf, etc…) Le Casino, via le parc, était autrefois accessible par un droit d’entrée au gardien (remplacé désormais par une barrière sous forme de porche inversé) fermé pour des raisons de sécurité. Par un autre accès, nous sommes autorisés à rentrer dans un bel espace vert aujourd’hui réservé aux clients d’un luxueux hôtel, à proximité d’une belle cascade artificielle, pour voir la source ferrugineuse, découverte en 1778, et son faible débit. La première exploitation remonte à 1827. En 1845, un premier pavillon est installé. Notre accompagnateur illustre par des photos anciennes les nombreuses constructions aujourd’hui disparues dont un kiosque avec la buvette de la source. Pendant le temps des soins ou des jeux d’argent, les enfants ne sont pas oubliés avec les spectacles (Guignol), promenades en calèches tirées par des ânes ou à dos d’ ânes, balançoires, concours d’ ombrelles, , jeux, friandises.
De nombreuses personnalités sont mises à l’honneur : l ‘ Abbé Marsonnat qui a découvert la source , Georges Bassinet éditeur, créateur de la » Côte Desfossés » et développeur de la station, Docteur Girard inspecteur des eaux.
La visite au sein du Casino, dont une partie était autrefois réservé au restaurant, nous permet d’ assister aux paris de personnes de différentes générations., au milieu du bruit de la multitudes de machines à sous (200) installées depuis 1986, des projecteurs et mille couleurs L’affichage lumineux des sommes gagnées depuis le matin est-il une invitation à persévérer … et à jouer encore et encore à tout prix ?
Nous remercions nos guides par ce » retour aux sources » et nous quittons pour la pause d’été avant le plaisir de nous retrouver à l’automne..
Photos : Gérard Bouteille Bruno Bisson