Après avoir pour certains bravé les difficultés en tout genre dues à la neige, c’est à vingt deux que nous nous sommes retrouvés à l‘Hôtel de Ségur construit en 1720 par l’architecte Jacques Gabriel place Vendôme et acquis par les joaillers Alfred Van Cleef et Salomon Arpels en 1906. Depuis 2012 une partie de cet immeuble est consacrée à l’Ecole des arts joaillers, lieu d’initiation à la joaillerie destiné au grand public, l’Ecole Boulle ou l’Ecole privée BJOP formant elles au métier. Au dernier étage, au plus près de la lumière, sont situés les ateliers, que nous n’avons pu visiter, c’est là qu’œuvrent les artisans virtuoses de la haute joaillerie et auteurs de pièces uniques.
Le Directeur adjoint nous a d’abord expliqué le fonctionnement de l’Ecole : elle propose à un public varié de s’initier aux savoir-faire, au monde des pierres ou encore à l’histoire du bijou à travers des cours (de 2 à 4 h), des conférences et des expositions, à Paris et dans le monde notamment TOKIO, HONG-KONG, DUBAÏ ou NEW YORK ; elle propose également des ateliers créatifs pour enfants et adolescents.
C’est ainsi que l’on peut explorer, dans des ateliers dédiés, la première étape de la création d’un bijou : le dessin à la peinture appelé « gouaché »
étape importante qui représente à échelle réelle les couleurs, formes et reliefs du bijou en trois dimensions et va guider l’ensemble des artisans impliqué dans sa création : maquettistes, joailliers, gemmologues ou sertisseurs, ces différents métiers étant explorés lors des cours ainsi que l’art de la laque japonaise et l’émail.
A la faveur d’une pause lors d’un cours, nous avons pu accéder à l’atelier initiant à la sculpture sur cire et au serti
cet enseignement est donné par les artisans virtuoses cités précédemment qui se transforment en professeurs quatre après-midi par mois et c’est ainsi que nous avons pu avoir les meilleures explications sur ces techniques !
Ensuite nous avons visité la bibliothèque de l’Ecole qui contient de nombreux ouvrages spécialisés et des livres rares ; puis c’est une charmante doctorante en histoire de l’art – époque 17è siècle – préparant sa soutenance de thèse en automne prochain qui nous a commenté avec beaucoup d’intérêt l’exposition « Le fabuleux destin des diamants de Tavernier » où l’on peut voir la reconstitution de 20 diamants exceptionnels
(parmi les quelques mille) rapportés d’Inde par le négociant et voyageur Jean Baptiste Tavernier (1605-1689) et vendus au roi Louis XIV en 1668. Cette reconstitution historique a été menée à l’initiative de l’Ecole, en partenariat avec le Muséum national d’histoire naturelle et les répliques sont faites en oxyde de zirconium, notamment celle du diamant bleu joyau de la couronne devenu à ce jour le diamant « Hope » qui seul subsiste encore (aux Etats-unis). Les diamants représentés sont sous leur forme de taille propre à L’Inde du 17ème siècle et ont été retaillés à l’européenne avec un facettage différent. Jean-Baptiste Tavernier est le fils d’un protestant d’Anvers, géographe qui lui a donné certainement le goût des voyages. En effet, cet infatigable voyageur a effectué durant sa vie six voyages à travers le monde qu’il a d’ailleurs relatés dans six ouvrages dont les originaux sont visibles dans l’exposition. Il aura parcouru au moins 240 000 km, un record pour l’époque et a pu devenir ainsi un marchand de haut rang négociant de marchandises précieuses. Les dernières années de sa vie furent mouvementées à cause de la révocation de l’Edit de Nantes (il était protestant) ; il s’est refugié en Suisse puis est reparti pour un dernier voyage jusqu’à Moscou où il s’est éteint à l’âge de 84 ans.
Agréable visite qui peut inciter à se rendre à la prochaine exposition « objets précieux Art Déco de la collection Sadruddin Aga Khan » qui aura lieu du 3 au 21 avril prochain (www.lecolevancleefarpels.com).
Un grand merci de la part de tous à Lilia qui avait admirablement préparé cette visite tellement hors du commun.